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EPEES D'ACADEMICIENS
ET MEDAILLON EMBLEMATIQUE



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Epée de
Félicien Marceau

Epée de
Robert Turcan

Epée d' Hélène
Carrèred'Encausse

Epée de
Jean Cluzel 

Epée de
Maître Jacques Boré

Epée de
Maurice Allais

Akinakès de 
Paul   Bernard

Médaillon
de Claude Sainteny

Epée de
Bernard Destremau

Epée de
Gilbert Dagron

Epée de
Raymond Barre

Epée de
Bertrand Collomb

Epée de Zao Wou-Ki
en collaboration avec Richard Texier

Epée de
Christian Poncelet

 

Que signifie l'épée de l'Institut ? Qu'éclairent ses symboles ?

L'épée de l'Institut ne relève pas de l'arme, à typologie réglementaire, mais du signe honorifique, libre de modèle et d'ornement. Descendante de l'épée de gentilhomme et de cour, elle est attribut de costumes dessinés par David pour les fonctionnaires de la République. Le principe, repris par Bonaparte pour les représentants des grands corps de l'Etat - incluant les conservateurs de musées - appliqué en 1805 à l'Institut, ne subit aucune modification d'attributs, et pas davantage, lors de l'admission des femmes à l'Académie française. "(...) L'épée de l'Institut et sa libre symbolique conduisent, par extension, à l'Histoire, à l'allégorie en général et à l'évocation d'autres figures dotées de l'épée. Par exemple, pour ces messieurs, les Neufs Preux de la Chevalerie, saint Georges et les archanges Michel et Uriel. Pour ces dames, outre Jeanne d'Arc, Judith, les saintes Agnès, Barbe (parfois), Euphémie, Justine, les Neuf Preuses, la Force et la Justice. Enfin, l'Institut dispense les gens d'église : le Père Carré n'en portait pas. Elle évoquerait pourtant celle de l'Eternel dans une de ses significations particulièrement adéquates à l'Académie française, celle du Verbe".  

Axelle de Gaigneron / Connaissance des Arts

Depuis la commande de Félicien Marceau, reçu à l'Académie française en 1975, qui reçut son épée "Amitié, créée par Goudji, des mains de C. Mauriac, neuf membres de l'Institut sollicitèrent Goudji pour la création de leur épée d'académicien : le professeur Robert Turcan, historien, élu en 1990 l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'historienne et politologue Hélène Carrère d'Encausse, troisième femme à être élue sous la coupole de l'Académie française, en 1991, et la première à avoir souhaité une épée, qui reçut son épée "Joyeuse " créée par Goudji, des mains d'Henri Troyat, le sénateur Jean Cluzel, rapporteur au Sénat du budget de la communication audiovisuelle et de l'information, élu en 1990 à l'Académie des sciences morales et politiques, qui reçut son épée, créée par Goudji, des mains de Maurice Schumann, Maître Jacques Boré, président de l'Ordre des avocats au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, élu en 1992 à l'Académie des sciences morales et politiques,le professeur Maurice Allais, prix Nobel 1988 de sciences économiques, élu en 1992 à l'Académie des sciences morales et politiques, le professeur Paul Bernard, archéologue, élu en 1993 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le professeur Gilbert Dagron, byzantiniste, élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1995, le Ministre, Bernard Destremau, élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1996 qui reçut son épée, créée par Goudji, des mains du Président Valéry Giscard d'Estaing, et enfin l'historienne, Claude Sainteny, élue à l'Académie des sciences morales et politiques en 1996 qui sollicita Goudji pour la création d'un médaillon emblématique qu'elle reçut des mains d'Henri Kissinger.

L'épée de l'Institut n'est pas une arme mais une pièce d'uniforme dont la forme et le décor évoquent les origines, la carrière et les centres d'intérêts du récipiendaire. Pour la création des épées d'académiciens, Goudji a toujours préféré réemployer une lame ancienne, "une lame qui a une histoire", chargée de symbole et de mystère. 

Jacques Santrot
Conservateur en chef
Directeur du Musée Thomas Dobrée

Ce qui me frappe dans l'art de Goudji et qui m'avait déjà frappé, il y a quelques années, lorsqu'il m'avait montré son projet pour mon épée - c'est le souci qui y apparaît de donner aux objets une dimension en quelque sorte mythique tout en gardant leur signification originelle. Cet art qui vient de loin, de très loin, dans l'espace et le temps, de plus loin encore et du plus profond de la sensibilité de l'artiste, est aussi un art résolument planté dans le monde actuel et qui le reflète. Il rejoint ce point magique où la beauté transfigure le réel sans perdre le contact avec lui.
 
 

Félicien Marceau

de l'Académie française
 
 
 

UN ALCHIMISTE DU PATRIMOINE EURASIEN

par Robert TURCAN, membre de l'Institut

 

PREFACE du catalogue

"De Pierre, de métal et de feu,Goudji Orfèvre contemporain"

Musée Thomas Dobrée, Nantes

Pour André Malraux, les créations de l'art, cette "monnaie de l'Absolu", nous content les Métamorphoses des dieux.

Pour Goudji, il semble que ces dieux soient les animaux ou du moins certains animaux. Après tout, pourquoi le corps humain devrait-il être considéré comme un canon de la beauté charnelle ? L'animal a des formes souvent plus nobles ou plus généreuses, plus complexes aussi parfois, subtilement torses ou mystérieusement déroutantes et donc propres à inspirer des légendes. On conçoit que certaines espèces aient pu étonner les peuples au point de se faire idolâtrer en raison même de leur physique, pour ne rien dire des merveilles de leur instinct. J'ai du mal à comprendre pourquoi Robertson Smith s'est ingénié à supposer que les dieux zoomorphes de l'antique Egypte procédaient d'un usage rituel et sacerdotal : celui de revêtir la peau de l'animal sacrifié. Je comprends tout aussi mal que Salomon Reinach ait cru devoir cautionner cette théorie au nom d'un totémisme universalisé.

Ramures arborescentes de cervidés, cornes hélicoïdales du bélier, volumes alvéolaires de ces corps prégnants et galbés qui sentent ou appellent la plénitude : toute cette circulation curviligne de la vie multipliée et diversement apparente anime l'imaginaire que projettent les oeuvres de Goudji. Il affectionne le cercle, l'ellipse, l'hémisphère, la carène ovoïde où s'informe l'autonomie d'un accomplissement ou le signe d'une gestation féconde. Mais Goudji ne répugne pas non plus aux volutes cycliques du recommencement indéfini. Les vrilles d'un pampre ou les spires d'un lierre autour du thyrse dionysiaque évoquent l'éternel retour de la félicité végétale, tout comme les ondulations du serpent qui change de peau nous réfèrent au rajeunissement animal.

Il y a surtout dans l'univers fascinant que nous façonne Goudji un foisonnement d'invention qui se cherche ou, pour reprendre un vers de Victor Hugo,

"de la vie ivre d'ombre et pleine de murmures".

C'est ainsi que Goudji transmue pour notre regard ébloui les ventres d'animaux en coupes, en vases ou en chars cultuels, comme ces véhicules sacrés qu'on trouve au IXe siècle avant notre ère en Vénétie atestine ou au VIIIe siècle dans la Haute Vallée de Glasinac en Illyrie (actuelle Bosnie). Mais c'est également le modèle des jouets multiformes qui font toujours rêver les enfants même de notre temps. Ainsi la monture fait-elle corps parfois avec son attelage, sans discontinuité, comme le cavalier fait corps avec son coursier dans le mythe du Centaure. Le retour aux sources enfantines nous fait renouer avec la lointaine hérédité d'une humanité antérieure proche de la Fable et des dieux.

Avec Goudji on replonge aussi dans un monde où la zoolâtrie celtique (ou pré celtique) de l'extrême Occident européen rejoint la mythologie anatolienne ou indo-iranienne. Venu du pays où Phrixos avait immolé le bélier dont un dragon gardait la toison d'or, c'est à Paris, là où les bateliers de la Seine adoraient un Cernunnos à andouillers courbes, que Goudji réintègre sa tradition colchidienne.

Mais, corrélativement, c'est lui aussi qui nous restitue une part de notre patrimoine protohistorique. Il nous réenracine en quelque manière dans un imaginaire oublié. Grâce à lui, nous retrouvons l'oiseau monté sur un quadrupède que les monnaies gauloises des corisopites, des Arvernes ou des Bituriges ont diffusé voici plus de vingt siècles sur notre territoire, de la Bretagne à l'Auvergne, en passant par le Berry, dans ce qu'on appelle la France profonde. Comme le pique-boeuf qui vit et survit en soulageant les grosses bêtes à cornes des insectes parasites, comme les échassiers du taureau aux trois grues (Tarvos Trigaranos) que le pilier des nautes parisiens honore au même titre que Cernunnos, l'oiseau-cavalier n'évoque pas seulement une réalité écologique aujourd'hui quasiment perdue, un paysage animal de la Gaule marécageuse, mais surtout le principe de ces symbioses fondamentales dans la nature et de cette solidarité des espèces que trop souvent l'homme s'acharne à détruire.

D'autres allusions, d'autres fragments de croyances aujourd'hui oblitérées (même dans l'enseignement et les prédications des Eglises) se déchiffrent dans l'oeuvre de Goudji, par exemple dans l'oiseau perché sur l'anse quadrangulaire d'un hanap : image du refrigerium animae, aussi chère à l'art païen qu'à l'art paléochrétien des catacombes, vin de vie, boisson d'immortalité pour l'âme ailée qui nous renvoie au Phèdre de Platon.

Comme Circé, Goudji a donc un bestiaire, mais dont les composantes s'intègrent aux objets d'apparence utilitaire, pour les faire vivre et vibrer sous les yeux et dans la main : queue d'oiseau qui s'épanouit en cuiller, corne de bélier composant avec l'orbe d'un milieu de table en nacre, colombe ou tourterelle pansue en une aiguière dont un taurillon gravit la courbe dorsale. Des sortes de zébus dont les cornes occultent presque le corps portent le cercle d'or d'où s'évase un cristal de roche givré, image d'un ciel délicatement vaporeux où le regard s'égare avec une voluptueuse sérénité.

Le jaspe cercle cet autre milieu de table auquel tient lieu de poignée un capridé ou une antilope encornée du croissant lunaire tangent au plat. Ailleurs, la courbe entourant l'oreille d'un bélier mord sur l'ovale en oeil de faucon.

Avec cette alchimie de la greffe formelle conspire l'art de condenser le mythe ou de susciter dans l'imagination du spectateur l'esquisse d'un conte de fée. A l'avant-train d'un bovidé monocorne et qui - tels certains dieux gaulois encore - n'a qu'une oreille, tombent comme autant de pendeloques quelque dix pieds qui n'en sont pas ou pas encore, mais ressemblent aux glands d'un somptueux rideau qui enveloppe

ce multipède fabuleux. Est-ce l'amorce d'une métamorphose dans quelque palais enchanté ?

Occasionnellement, Goudji revêt l'animal de candeur cérémonielle. Le blanc manteau qui fait corps avec un cheval en magnifie l'ample et noble unité des formes. Mais en ne laissant percevoir que l'extrêmité des pattes, il fait scintiller la clarté de ses sabots mignons. Pour quelle fête a-t-on drapé cette monture sans cavalier ?

Autour d'une jardinière, l'argent darde ses pointes qui divergent comme les rais d'une couronne solaire sur l'agate et la nacre, au-dessus de frêles bottines que n'occupe aucun pied visible, mais qui font rêver à d'étranges mutations... Goudji fait donc jaser la matière et les formes dans la matière avec une allégresse de démiurge.

Mais le pouvoir de l'orfèvre va plus loin encore, car il excelle à réconcilier les règnes de la création.

Il m'a dit ne pouvoir travailler l'or ou l'argent sans y incruster indissolublement l'émeraude, la turquoise, le lapis-lazuli, le jaspe ou l'agate. "L'homme qui faisait parler les pierres", a-t-on écrit de R. Caillois. Le philosophe pénétrant et passionné, qui occupa le fauteuil de Jérôme Carcopino à l'Académie française, faisait effectivement parler les pierres, mais au sens propre du terme, avec des mots, en leur servant d'interprète.

Goudji, lui, les fait parler directement, par elles-mêmes, pour qu'elles nous avouent leurs secrètes et imprévisibles beautés. Mieux : il les fait dialoguer entre elles et contraster, disputer au besoin par le choc des lignes ou des couleurs.

Il les fait dialoguer surtout avec le métal qu'elles embrassent ou qui les embrasse tour à tour indissociablement. Ce compatriote de Médée n'ignore aucun des arcanes du magnétisme visuel.

Il n'y a pas de vie sans couleur, ni de polymorphie sans polychromie. A cet égard, l'atelier de Goudji édifie d'emblée le visiteur agréablement égaré dans cet antre démiurgique. Rutilances de l'or et de l'argent, roches diaprées, formes animales et végétales intégrant cette magique alliance des matériaux qui les unit tout en valorisant leur irréductible autonomie... C'est aussi là une espèce de symbiose que réussit l'orfèvre en recréant l'harmonie des choses.

L'harmonie du monde est une idée pythagoricienne, comme le mystère de la sympathie universelle.

Un mystère d'amour dans le métal repose

...

Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres.

Ces Vers dorés de Gérard de Nerval qui légitime aussi, comme on sait, la révérence de l'homme envers l'animal, me semblent pouvoir servir de légende aux chef-d'oeuvre de Goudji.

Fréquemment, la poésie comme la musique nous restitue un ordre perdu. Goudji nous remet sous les yeux, dans les mains, tangiblement, une mémoire effacée ou submergée sous le Styx de la modernité. Cette "anamnèse" est bien d'ordre religieux, et tout grand art est foncièrement religieux.

Sur ce point comme sur tant d'autres - et quoi qu'en disent ou pensent les théologiens - magie et religion convergent inévitablement. Dans l'Antiquité gréco-romaine, comme dans le folklore européen et notamment dans le conte populaire, les techniques savantes de la pierre, du minerai, de la forge relèvent tout naturellement de la magie. Les Telchines, les Dactyles de l'Ida, les Cabires de Samothrace et de Lemnos étaient des héros ou des dieux qui passaient pour avoir détenu les recettes occultes de la métallurgie. Les Dactyles, dont le nom ("Doigts") est assez significatif du prestige attaché traditionnellement au travail manuel de l'artisan, à son merveilleux savoir-faire, passaient pour avoir initié Orphée aux secrets du monde.

Je ne sais pas si, comme le voulait Hegel, la religion est toujours une réflexion sur l'art. Quelquefois et même souvent, c'est l'inverse ou, du moins, l'art réfléchit la religion, non pas comme un miroir ordinaire et "photographique", mais comme le miroir prophétique ou rétrospectif des magiciens. En tout cas, le sens du sacré, qui transcende - il va sans dire - les dogmes malheureusement fossilisés de mainte religion "positive" (sinon positiviste), inspire intensément l'oeuvre qui dure, celle qui réintègre le regard ou l'oreille dans l'unité de l'Etre total.

En montrant le sacré, l'artiste est littéralement et authentiquement "hiérophante", grand prêtre ou médiateur qui relie l'homme à ce qu'il croit avoir dépassé comme à ce qui le dépasse.

Goudji est cet hiérophante, héritier lointain des Dactyles et d'Orphée.

 

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